Lassés des vulgaires cannettes de supermarché mais intrigués par l’univers mystérieux de ce nectar des dieux ? Fabriquer sa propre bière artisanale, c’est ludique et accessible.
Avec seulement quatre ingrédients de base – eau, malt, houblon et levure – et un peu de matériel, vous pouvez créer une boisson unique qui n’a rien à envier aux bières de brasserie !
Les ingrédients pour fabriquer sa bière artisanale
Pour brasser votre bière maison, vous aurez besoin de quatre ingrédients essentiels : le malt, le houblon, la levure et l’eau. Chacun joue un rôle précis dans la composition de la bière et influence directement son goût final.
Il existe différentes variétés de malts, comme le Pale, le Pilsen, le Munich ou le Caramel, utilisées pour créer des profils de bière spécifiques. Il influence la couleur. et apporte des arômes (pain, caramel, café, chocolat). Plus la torréfaction est poussée, plus la bière est foncée et aromatique.
La maîtrise de ces quatre ingrédients et de leurs interactions permet aux brasseurs de créer une grande variété de styles de bière, chacun une note unique de goût, de couleur et de texture. C’est cette alchimie entre l’eau, le malt, le houblon et la levure qui fait de la bière une boisson si complexe et appréciée dans le monde entier.
Le matériel pour fabriquer de la bière à la maison
Pour une bière réussie, le brasseur doit correctement s’équiper !
Munissez-vous de 3 cuves ou grands fait-tout, l’un pour l’empâtage et le brassage, l’autre pour chauffer l’eau de lavage de la drêche (résidus du brassage des céréales) et le dernier pour porter la boisson à ébullition. Il faudra aussi se procurer une passoire conséquente (ou couscoussière), un brûleur puissant, un moulin à céréales, une spatule et un dernier récipient pour la fermentation.
Insistez sur la propreté du matériel, qui conditionnera la qualité de la bière, et excluez l’aluminium qui risque de réagir avec la boisson. Privilégiez enfin des cuves en inox, plus adaptées au lavage et plus neutres pour la réalisation de la bière !
Matériel essentiel pour brasser à la maison
- Cuve de brassage (30 litres minimum)
- Fermenteur hermétique
- Thermomètre et densimètre
- Matériel d’embouteillage (bouteilles, capsuleuse)
- Produits de nettoyage et désinfection
Matériel essentiel pour une brasserie artisanale
- Cuve de brassage en inox (150-1000 litres)
- Fermenteurs coniques en acier inoxydable
- Système de refroidissement (échangeur tubulaire ou à plaques)
- Pompe à impulseur pour le transfert des liquides
- Groupe d’embouteillage et étiqueteuse semi-automatique
- Moulin à malt industriel
- Système de nettoyage en place (NEP)
- Outils de mesure précis (densimètres, pH-mètres)
Le coût total de l’équipement varie entre 45 000 et 150 000€ pour des systèmes de 200 à 1000 litres. Il est crucial de bien dimensionner l’installation en fonction de la production envisagée et de choisir des équipements de qualité pour garantir la sécurité et l’efficacité. Pour ceux qui ne veulent pas investir ces montants, il est également possible de sous-traiter son brassage de bière à une brasserie existante pour ne se concentrer que sur la vente.
Les kits de brassage amateur au service des apprentis brasseurs
Pour votre premier brassage et face aux larges variétés de méthodes et de recettes de bière, il existe des kits de brassage préconçus, rassemblant recette, matériel et matières premières nécessaires à la production. Idéal pour débuter sans se tromper !
Un kit clé en main peut également être un excellent cadeau pour un amateur de bière 🙂
Les étapes de fabrication de la bière
Les ingrédients sont réunis, le matériel est rassemblé, la recette de bière est définie, les bases sont posées : il est désormais temps de rentrer dans le vif du sujet et se lancer dans la fabrication de sa bière artisanale.
Selon IFBM et en termes techniques, « la bière est le produit de la fermentation d’un moût de bière, liquide sucré qu’on obtient en faisant macérer dans l’eau, à une température convenable, de la farine de malt (ou orge germée), en séparant le liquide de la matière solide, et en faisant bouillir ce liquide avec du houblon ».
Qu’en est-il concrètement, quelles sont les étapes de fabrication ?
Trempage : immersion des grains d'orge dans l'eau pendant 48 heures.
Germination : le grain est étalé et retourné régulièrement pendant 4-6 jours.
Touraillage : séchage à des températures variant de 50°C à 85°C.
Dégermage: il consiste à ôter le germe.
L'empâtage consiste à mélanger le malt concassé avec de l'eau chaude (63-68°C) pour activer les enzymes qui transforment l'amidon en sucres fermentescibles.
45-50°C : palier protéolytique (20 minutes)
62-65°C : saccharification (60 minutes)
À partir de 78°C : arrêt enzymatique (10 minutes)
L'ébullition dure généralement 60 à 90 minutes. Le houblon est ajouté à différents moments :
Au début pour l'amertume
15-30 minutes avant la fin pour la saveur
En fin d'ébullition pour l'arôme
La température est contrôlée précisément : 15-25°C pour les ales, 7-15°C pour les lagers.
Elle permet l'affinage des saveurs et la clarification naturelle de la bière.
Une re-fermentation en bouteille peut être initiée par l'ajout de sucre et de levures pour créer la pétillance.
1. Concassage du malt
Après avoir sélectionné votre base de malts, broyez-le dans votre moulin à céréales faisant office de concasseur. Cela permet d’ouvrir le grain pour rendre accessible l’intérieur.
NB : L’étape du maltage est négligée en se procurant du malt préalablement séché. Autrement, il faudrait partir des grains d’orge, les faire tremper puis germer. Une fois la germination achevée, l’étape du touraillage viendra conclure le processus. La température du touraillage (soufflage d’air chaud) conditionnera directement la couleur du malt.
Le type de bière dépend du type de malt. Les bières brunes requièrent du malt sombre, et les blondes du malt pâle.
2. Le brassage et l’empâtage de sa propre bière
Préparez une marmite d’eau froide dont le volume équivaut à 3 fois la masse de malt utilisée (3L/kg), portez là à 70°C sur votre brûleur et ajoutez votre malt.
Mélangez avec une spatule jusqu’à obtenir une texture dite « de gruau ». Il ne faut pas que la préparation soit trop épaisse, quitte à rajouter de l’eau au fur et à mesure !
Surveillez votre température et attendez qu’elle stagne entre 63 et 68°C. Une fois ce palier atteint, laissez cuire votre mélange pendant une heure en conservant une température similaire, sans oublier de remuer régulièrement !
L’objectif est d’extraire l’amidon contenu dans le malt pour le transformer en sucre.
3. Le moult
Parallèlement, chauffez à 78°C une cuve d’eau dont le volume doit être équivalent au volume de bière espéré. Cette eau servira au rinçage des drêches.
Recirculation et clarification
Disposez la couscoussière sur une marmite pour servir de cuve de clarification. Une fois l’empâtage terminé, procédez à la recirculation : faites passer le moût à travers le gâteau de drêches (les résidus de malt). Cette opération permet de filtrer naturellement le liquide et d’obtenir un moût de plus en plus clair. Continuez cette recirculation jusqu’à obtenir un moût translucide.
Rinçage des drêches
Une fois le moût clarifié, rincez les drêches avec l’eau chaude à 78°C pour récupérer les sucres encore collés aux grains. Cette eau sucrée s’ajoutera directement au moût dans votre cuve d’ébullition. Surveillez la densité du liquide avec un densimètre et arrêtez le rinçage lorsque vous atteignez une densité légèrement inférieure à celle visée pour votre recette.
Ébullition et houblonnage
Portez maintenant le moût à ébullition franche. L’ébullition doit être vigoureuse et maintenue au-dessus de 100°C pendant toute sa durée – c’est cette température élevée qui permettra d’extraire l’amertume du houblon. L’ébullition totale durera une heure, montre en main.
Au début de l’ébullition, incorporez le houblon amérisant, dont le rôle principal est d’apporter l’amertume caractéristique à votre bière. Vers la fin de l’ébullition (environ 10 à 15 minutes avant la fin), ajoutez le houblon aromatique qui donnera les arômes délicats à votre bière. Attention : même en fin d’ébullition, le houblon aromatique ajoutera une légère amertume à 95-100°C, ce qu’il faut prendre en compte dans vos calculs de recette.
Une fois l’heure d’ébullition écoulée, coupez le feu. Votre moût est maintenant prêt pour le refroidissement.
4. Le refroidissement de sa bière maison
L’objectif est de procéder au passage du moût de 100°C à 20°C, le plus rapidement possible.
Plusieurs options sont possibles : utiliser un circuit d’eau froide, via des serpentins, est une piste privilégiée.
5. Transfert en cuve de fermentation
Avant de transférer le moût en cuve de fermentation, refroidissez-le rapidement à une température adaptée aux levures (généralement entre 18°C et 22°C pour une levure ale). Ce refroidissement rapide évite les contaminations et préserve les arômes.
Une fois refroidi, transférez le moût dans votre cuve de fermentation préalablement nettoyée et désinfectée. Ensemencez ensuite avec la levure selon les instructions du fabricant.
La fermentation est l’étape où les levures transforment les sucres du malt en alcool et en CO2. Pour évacuer ce gaz carbonique tout en protégeant votre bière, installez un barboteur dans l’orifice du couvercle. Remplissez-le d’eau stérilisée ou d’alcool : le CO2 s’échappera tandis que le système empêchera tout micro-organisme d’atteindre le moût.
Dès les premiers bouillonnements dans le barboteur, la fermentation est lancée !
Placez la cuve dans un endroit obscur à température stable et patientez selon le délai de fermentation recommandé (généralement 1 à 2 semaines).
Cette étape est cruciale pour développer le taux d’alcool final de la bière ainsi que ses arômes caractéristiques.
6. La mise en bouteille de la bière artisanale
Garde à froid (cold crash)
Avant l’embouteillage, placez votre cuve de fermentation au réfrigérateur pendant au moins 48 heures. Cette étape de garde à froid permet aux levures et aux particules en suspension de sédimenter au fond de la cuve, garantissant ainsi une bière plus claire et limpide.
Préparation du matériel
Procurez-vous des bouteilles en verre (de préférence avec des capsules), désinfectez-les soigneusement et laissez-les sécher à l’envers. Prévoyez également une cuve de resucrage propre et désinfectée.
Resucrage pour la carbonatation
Pour gazéifier naturellement votre bière, préparez un sirop de sucre : comptez 6 grammes de sucre par litre de bière. Par exemple, pour 15 litres de bière, dissolvez 90 grammes de sucre dans un minimum d’eau et portez le mélange à ébullition pour le stériliser. Laissez refroidir.
Transférez délicatement la bière de la cuve de fermentation vers la cuve de resucrage en utilisant un tube de siphonnage, en prenant soin de ne pas remuer les levures et sédiments au fond. Incorporez le sirop de sucre refroidi et mélangez délicatement pour assurer une répartition homogène.
Embouteillage et maturation
Siphonnez la bière ressucrée dans vos bouteilles à l’aide d’un tube de remplissage, en les remplissant jusqu’à environ 3 cm du bord. Fermez hermétiquement chaque bouteille avec une capsule à l’aide d’une capsuleuse.
Entreposez les bouteilles debout dans un endroit obscur à température ambiante pendant environ deux semaines. Durant cette période, les levures résiduelles consommeront le sucre ajouté, produisant ainsi le gaz carbonique qui gazéifiera naturellement votre bière.
Après ce délai de maturation, place à la phase tant attendue : la dégustation de votre bière maison ! Pour une expérience optimale, dégustez-la bien fraîche.
- 1 session organisée tous les mois
- 3 semaines d’apprentissage en centre de formation / 4 semaines de stage en brasserie
- Parcours certifiant : Titre Brasseur niveau 3 (sous condition de réussite de l’examen)
- Débouchés : préparation au Titre Brasseur niveau 3 permettant d’accéder à la qualité d’artisan
Chaque étape du processus offre au brasseur l’opportunité d’influencer le résultat final et d’apporter sa note personnelle pour obtenir un produit de qualité. C’est cette combinaison de science et d’art qui fait de chaque bière une création unique.
Combien de temps pour fabriquer sa bière ?
Fabriquer sa propre bière est une aventure passionnante, mais elle demande du temps et surtout de la patience. Entre la journée de brassage et la maturation en bouteille, il faut généralement compter 4 à 6 semaines avant de savourer son premier verre.
Durée du brassage
La première étape, le brassage, est aussi la plus active. Elle regroupe le concassage, l’empâtage, l’ébullition et le houblonnage. Comptez 3 à 5 heures de travail selon la recette et le matériel utilisé. À l’issue de cette journée, vous aurez obtenu votre moût de bière, prêt à être fermenté.
Fermentation
Vient ensuite la fermentation, moment où la magie opère. Les levures transforment les sucres du malt en alcool et en CO₂. Cette phase, dite fermentation primaire, dure en moyenne 7 à 14 jours, selon la souche de levure choisie et la température ambiante. Une fermentation régulière et maîtrisée est essentielle pour éviter les faux goûts et obtenir une bière équilibrée.
Garde en bouteille
Une fois embouteillée, la bière n’est pas encore prête à être dégustée. Elle doit entrer dans une période de maturation en bouteille, qui dure généralement 2 à 3 semaines. C’est à ce moment que se développent les arômes et que se crée la carbonatation naturelle. Certaines bières de caractère (stouts, triples, barley wines) gagnent même en complexité lorsqu’elles sont laissées à reposer plusieurs mois.
Conseils pour réussir son premier brassin
Pour réussir votre premier brassin et éviter les erreurs classiques des débutants, voici quelques règles d’or incontournables ! Aussi bien au niveau de l’hygiène du matériel que de la gestion des températures et choix des recettes. En les suivant, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour déguster une bière maison savoureuse et équilibrée.
Propreté et désinfection
L’hygiène est la base de tout bon brassin. Chaque récipient, tuyau, spatule ou bouteille en contact avec la bière doit être parfaitement nettoyé et désinfecté. Une simple bactérie indésirable peut altérer le goût, créer des faux arômes ou, pire, rendre le brassin imbuvable. Investir du temps dans le nettoyage, c’est garantir une bière réussie.
Contrôle des températures
La température est le chef d’orchestre du brassage. Pendant l’empâtage, elle doit rester stable entre 63 et 68 °C pour favoriser l’extraction des sucres fermentescibles. Plus tard, au moment de la fermentation, ce sont les levures qui prennent le relais :
- 18–22 °C pour les ales (bières de fermentation haute)
- 8–14 °C pour les lagers (bières de fermentation basse)
Une bonne maîtrise de la chaleur fait toute la différence entre une bière équilibrée et une bière ratée.
Recettes faciles pour débuter
Inutile de viser l’IPA ultra-houblonnée ou le stout corsé dès la première tentative. Préférez des recettes simples et tolérantes comme une blonde légère, une pale ale ou une witbier. Ces styles pardonnent plus facilement les petites erreurs de brassage et permettent d’acquérir les bases avant d’explorer des bières plus complexes.
Vous avez maintenant toutes les clés en main pour brasser votre première bière maison ! Une fois ces étapes maîtrisées, vous pourrez expérimenter et créer vos propres recettes. Blonde, ambrée, IPA, stout… les types de bières sont infinis et n’attendent que votre créativité !
Vous souhaitez approfondir vos connaissances en brassage et vous professionnaliser ?
Découvrez notre Formation Brasseur 100% en ligne, éligible CPF, pour maîtriser toutes les techniques de fabrication de la bière à votre rythme depuis chez vous.
Notre formation en ligne a été pensée pour vous :
- Démarrez la formation quand vous voulez dans l’année
- Accédez à la plateforme en ligne 7j/7 et 24h/24 (fonctionne hors connexion)
- Apprenez à votre rythme : revoyez les vidéos et les cours PDF
- Reproduisez facilement les techniques de brassage chez vous



